Une ville de basket qui ne mérite pas la médiocrité et qui ne joue pas pour le moyen
Cinquième ville des Etats-Unis en terme de population, Philadelphie est une vraie cité de sport, et les franchises de la ville y sont très appréciées. L’équipe de basket se doit donc d’être au top et toujours viser la plus haute marche du podium : de Julius Erving à Allen Iverson, en passant par Charles Barkley, Philly a toujours eu pour but de gagner, et une qualification simple en playoffs ne suffit donc pas aux fans des 76ers. On comprend donc bien la stratégie de la franchise depuis maintenant trois ans : rebâtir pour atteindre le top, quitte à côtoyer les bas-fonds pendant quelques saisons. L’équipe de 2011-2012 était certes compétitive autour de Jrue Holiday et Andre Iguodala, mais ce n’était pas avec ce noyau là que Philadelphie retrouverait les Finales NBA (défaite face aux Celtics en demi-finale de conférence).
Il fallait donc changer et changement il y a eu. On a tenté Andrew Bynum, cela n’a pas fonctionné, on a envoyé Iguodala aux Nuggets, Jrue Holiday a été échangé aux Pelicans contre Nerlens Noël, bref on a remodelé totalement l’effectif. Résultat de ces mouvements, 47 victoires en trois saisons et 23 % de victoires depuis que Brett Brown, épigone de Popovich, a pris les reines de l’équipe. Mais il semblerait que la franchise de Pennsylvanie voit le bout du tunnel, avec pléthore de jeunes talents au sein de son roster, mais également une future Draft qui s’annonce fructueuse. Sam Hinkie, l’architecte de cette reconstruction a été écarté a profit de la filiation Colangelo, auteur de bonnes choses à Phoenix par exemple, mais également responsable d’un désastre à Toronto, avec la sélection d’Andrea Bargnani avec le 1er choix de la Draft en 2006 et le contrat faramineux donné à Hedo Turkoglu en 2010.
Un effectif jeune et talentueux qui doit murir
Un peu plus de 23 ans de moyenne d’âge l’an passé, oui l’effectif des 76ers est très jeune et grandement inexpérimenté. Mais du talent est venu s’ajouter au fil des années du côté de la Pennsylvanie, à commencer dans le secteur intérieur. Nerlens Noël continue de s’améliorer des deux côtés du terrain (10.5pts, 8rbs et 1.7blks à 49% aux tirs dans ses deux premières saisons en NBA), Jahlil Okafor a montré de sérieuses qualités offensives durant sa première année NBA (17.5pts, 7.5rbs à plus de 50% aux tirs), bref on a ici deux jeunes de qualité. On peut y ajouter l’énigmatique Joel Embiid, qui n’a pas foulé un parquet NBA dans sa carrière mais qui semblerait sur la bonne voie, mais aussi Dario Saric, la star croate qui se fait attendre en NBA mais qui possède un bagage offensif notable. D’autres éléments, comme l’ailier longiligne Jerami Grant ou encore le shooter Nik Stauskas peuvent avoir des rôles de compléments dans l’effectif. Le poste de meneur est assuré par un vaillant Ish Smith, un joueur qui serait bien plus à l’aise dans un rôle de backup, mais pour cela, les 76ers doivent se trouver un titulaire à la mène.
Une chose importante réside dans la continuité du projet, et cela est clé pour un jeune groupe. Brett Brown a la confiance de ses dirigeants, il peut construire son projet et enseigner le métier à ses jeunes, ce qui est un vrai point positif dans une NBA qui vire plus vite que son ombre.
Quoi pour la suite ?
Concernant la Draft et le premier choix détenu par Philly, il faut d’emblée dire quelque chose qui permet de clore un débat stérile : Brandon Ingram sera une star NBA, Ben Simmons une superstar. L’australien est un ovni, un hybride, quasi ambidextre et possède une conduite de balle impressionnante pour un joueur de 2m08. La voilà la superstar tant attendue par Philadelphie, l’homme qui peut changer une franchise et démarrer un cycle nouveau. Un LeBron James mixé avec un jeune Lamar Odom, voilà ce qu’est Simmons, un joueur qui va de plus générer de l’excitation autours d’une franchise qui rêvait d’Andrew Wiggins il y a deux ans et qui cherche désespérément un successeur à Allen Iverson. Le frontcourt du futur peut s’annoncer alléchant, avec la paire Ben Simmons/Dario Saric, deux joueurs extrêmement habiles offensivement et aux capacités physiques au dessus de la moyenne, mais également avec trois grands pour deux postes : le défenseur Noel, l’attaquant Okafor et le mystère Embiid.
Les 76ers possèdent de plus une abondance de choix intéressants dans cette Draft, mais il pourrait surtout faire bouger certains de leurs éléments pour renforcer leur secteur extérieur, la faiblesse la plus grande de l’effectif. On parle d’un Jahlil Okafor sur la liste des transferts plutôt que d’un Nerlens Noël, et quelques franchises pourraient être intéresser. On pense à Boston, qui détient le 3ème choix et qui cherche cet intérieur dominant offensivement, ou encore Phoenix, qui peut bouger soit Brandon Knight soit Eric Bledsoe et renforcer sa raquette. Avec des Celtics agressifs et des Suns capables de bouger, un échange peut réellement être envisagé. Surtout, si les 76ers récupère un autre bon choix de Draft dans un transfert, ils pourraient se positionner sur Kris Dunn, le meilleur meneur de cette cuvée 2016, ou encore sur des shooters comme Buddy Hield ou Jamal Murray. Un retour en postseason n’est pas encore envisageable, mais la reconstruction prend forme pour Philadelphie et le futur proche comme plus lointain s’annonce intéressant du côté de la ville de l’amour fraternelle.